
FOOTBALL CAMEROUNAIS : AU CŒUR D’UN CHAOS DEVENU SYSTÈME
Ce n’est plus une crise. C’est un effondrement organisé. Le football camerounais, longtemps fierté nationale, s’enfonce dans un désordre chronique où institutions, terrains, acteurs et supporters semblent tous pris dans un engrenage incontrôlable.
La querelle ouverte entre le ministère des Sports et la FECAFOOT a cessé d’être une simple opposition de visions. Elle s’est muée en une guerre d’ego aux conséquences désastreuses : confusion permanente autour des sélections, décisions contradictoires, gestion floue des compétitions, autorité partagée mais responsabilités évitées. Pendant que chacun revendique la légitimité, personne n’assume les résultats.
Mais la tourmente dépasse ce duel. Conflits avec les présidents de clubs, contentieux opaques avec des partenaires privés, exclusion spectaculaire du président du syndicat des joueurs… La FECAFOOT, au cœur de toutes les tensions, donne l’image d’une structure cernée de toutes parts. Et dans cette atmosphère étouffante, la grève fantôme des arbitres — annoncée, annulée, floue — aura été le dernier symbole d’un système qui tangue dangereusement.
LE CHAOS EST DESCENDU SUR LA PELOUSE
Ce désordre en haut de la pyramide a contaminé le terrain. Les faits récents parlent d’eux-mêmes :
- Isohsa vs Apejes (Elite Two) : des joueurs assis sur la pelouse pour contester un penalty, un arbitre qui perd son sang-froid et frappe un joueur évacué sur civière. Une scène d’un autre temps.
- Éding Sport vs Aigle : un chef-d’œuvre de but injustement refusé pour hors-jeu, alors que les images contredisent l’arbitre.
- Gazelle FA vs Dynamo (Elite One) : penalty retiré deux fois, match interrompu dans l’incompréhension générale.
- Fauve Azur vs Fortuna : un arbitre qui siffle la fin du match en pleine action de but…
- PWD vs Colombe : pendant que les joueurs sont sur le terrain, les vestiaires sont cambriolés. Objets de valeur volés, comme si plus rien n’était sous contrôle.
UN SPORT LIVRÉ À LUI-MÊME
Ce n’est pas une accumulation de faits divers : c’est le portrait d’un écosystème en ruine. L’arbitrage est contesté, la sécurité absente, les règles bafouées, les décisions contestées et les voix du terrain — joueurs, entraîneurs, syndicats — ignorées ou réduites au silence.
Et pendant ce temps, les supporters, eux, regardent un spectacle qui frustre plus qu’il ne rassemble. Ceux qui aiment ce sport ne demandent ni miracles ni héros : seulement du respect, des règles claires, de la transparence, et une volonté collective de redonner au football camerounais sa dignité.
Car ce chaos n’est pas une fatalité. Mais il ne disparaîtra pas tant que le silence, l’immobilisme et les calculs personnels continueront à dicter la marche d’un football devenu méconnaissable.
Arnold Martial Ndoumbe | Rédacteur CFOOT